la sueur ruisselle le long de sa tempe alors qu'il entame son dernier tour de terrain. la chaleur est supportable mais son visage est rougi par l'effort intense qu'il fournit depuis une heure déjà. aiji court, ses poumons brûlent, son sang bouillonne, son esprit est en état de stase.
il court.
et s'arrête finalement, s'effondrant au sol, crevé mais satisfait. un de ses camarades lui tend la main, qu'il attrape avec léger sourire. une tape dans le dos et c'est la fin de cette session d'entraînement. il retire son t-shirt, s'essuie le front et le visage avec. quelques secondes de répit, il reprend son souffle, commence à s'étirer.
puis, se dirigeant vers le bord du terrain, il repère alors les cheveux verts de bleta. impossible de se tromper sur son identité avec une telle chevelure.
arrivant à côté, il enfonce alors son vêtement humide dans sa poche pour récupérer la bouteille qu'elle lui tend et boit d'une traite son contenu, écoutant à peine. un courant lui donne la chair de poule. il faut que je récupère ma veste pense-t-il.

« sympa. » dit-il en écrasant la bouteille avant de la jeter dans la poubelle voisine. « mais la prochaine fois que tu passes par là, je préfère le thé glacé. »

un rictus narquois passe sur son visage encore cramoisi. il la pousse de l'épaule, pas assez fort pour lui faire mal, juste assez pour l'embêter. et fait les quelques pas qui le sépare du banc, récupérant sa veste pour l'enfiler avant d’attraper froid.

il passe une main dans ses cheveux et les ébouriffe d'un geste. quelques gouttes s'échappent, et ruissellent encore le long de l'arrête de son nez. soulevant son bras de façon peu délicate, il sent sa propre odeur et retrousse le nez dans une grimace. la douche l'appelle, c'est un fait. un de ses camarades lui fait un signe, auquel il répond. puis il revient à bleta, qu'il regarde un bref instant avant de dire :

« oh je t'ai pas dit . » il fait craquer ses jointures dans un geste devenu un toc et essuie ses mains poisseuse sur le visage de la jeune fille.

« je peux pas ce soir, j'ai un empêchement. »
faux. mensonge éhonté, pilule enrobée par un demi-sourire amusé qu'il peine à masquer derrière son bras. ses doigts entourent la lanière du sac de sport posé sur le banc et il le ramène à son épaule dans un soupir rauque. la session de cette fin d'après-midi a été rude, et malgré une nonchalance affichée, il sent la fatigue s'étendre dans ses muscles endoloris. et l'air frais le mort plus qu'il ne devrait. un frisson le secoue de part en part, il remonte encore un peu la fermeture éclair de sa veste.

elle râle, elle boude, il le sait, il la connaît un peu maintenant. ses talents d'observateur sont cependant limités et il ne s'avancera jamais à dire qu'il peut comprendre comment elle - ou n'importe quel autre spécimen de la gente féminine - fonctionne. il sait juste comment obtenir ce qu'il veut. il sait juste comment l'embêter. il sait juste comment être un emmerdeur. et c'est suffisant pour l'instant. c'est ce qu'il croit. engageant le pas vers la porte des vestiaires, il la ramène vers lui en la prenant sous son bras.

« bien sur que je me paye ta tête, c'est trop drôle de te voir bouder. »

il lâche un petit rire avant de la lâcher elle, puis il accélère le pas pour aller pousser un de ses amis juste devant lui. ils ont une brève discussion, l'autre rigole, aiji lance un regard furtif à bleta avant de rigoler à son tour. encore quelques mots échangés puis il revient vers elle en quelques grandes enjambées.

« je vais me doucher et me changer, on se retrouve comme d'hab. »

c'est pas une question, juste une affirmation qu'il ponctue d'un pouce levé avant de filer en direction des vestiaires à grands pas, et en claquant des dents.

c'est en courant qu'il s'engouffre dans les vestiaires, presque frigorifié. il claque des dents en se déshabillant et finit sous la douche en l'espace de quelques dizaines de secondes. l'eau chaude à le mérite de faire cesser ses tremblements, et finalement il reste sous le jet d'eau près d'un quart d'heure, profitant de cette tranquillité soudaine pour étirer ses muscles endoloris.
finalement, aiji sort de sa douche, engourdi et endormi. abruti.

« hmpf. »

il sèche ses cheveux, enfile ses habits - déplore l'absence de ses camarades, bleta l'ayant ralenti, les autres ont déjà fini de se laver et ils ont quitté les vestiaires. un soupir s'échappe de ses lèvres alors qu'il enfile ses chaussures.
il n'est pas pressé d'aller s'asseoir dans la bibliothèque avec la jeune fille. ce n'est pas qu'il ne l'apprécie pas - au contraire. mais depuis quelques temps, il la soupçonne de faire semblant d'avoir besoin de ses cours. et impossible pour lui de réussir à comprendre pourquoi...

il quitte finalement les lieux à son tour et passe déposer quelques affaires à sa chambre. il a quelques dizaines de minutes devant lui avant d'être en retard, et en profite pour s'assoupir quelques instants.